Inspection des lieux en date du 4-11
Dans la journée du 4-11 on a procédé, à l'aide d'un
hélicoptère des gardes côtes,
à
une inspection des lieux
sur l'île de Panarea et dans la zone de Lisca
Bianca-Dattilo-Bottaro. Le 3-11 dans cette
zone, il avait été observé une augmentation
significative des émanations de gaz. Les pêcheurs,
aux premières heures de la matinée,
signalèrent dans la région de Lisca Bianca-Dattilo-Bottaro,
des remous et la mer en état de
bouillonnement, des poissons morts en
superficie et une forte odeur de soufre...
La signalation fût confirmée par une première
inspection effectuée par la protection civile
en fin de matinée. Dans la journée du 4, entre Lisca
Bianca et Lisca Nera, on distinguait trois
zones, larges de quelques centaines de mètres,
par la couleur de la mer visiblement
plus claire. Dans ces zones, on pouvait
distinguer une remontée de bulles de gaz.
La première zone correspondait
traditionnellement à celle connue par les
plongeurs pour ses émanations de fumerolles.
La seconde zone, située immédiatement à l'ouest
de Bottaro, s'était prolongée en direction
SSE. En
superficie, on distinguait un seul point où
les bulles, de largeur métrique, remontaient
avec une vigueur remarquable. La troisième
zone couvrait une superficie nettement plus
petite par rapport aux précédentes, et est
située en revanche au Sud Ouest de la
précédente. Au cours de l'inspection des lieux,
des reprises ont été faites à l'aide d'une
caméra thermique, des prélèvements d'eau et
des mesures de température ont été effectués.
Les mesures de température et les images
thermiques indiquent qu'il n'existe pas
d'anomalie thermique notable. Les températures
des eaux (22-23°C)
mesurées près des endroits de dégazage ne
résultent pas différentes de celles mesurées
près du môle de l'île
. Le PH de l'eau qui est d'environ 5.6-5.7 est
assez différent de celui de l'eau de mer. La
plage de Calcara a fait également l'objet
d'une inspection pour vérifier toute
éventuelle variation de l'émanation de
fumerolles. Aucune variation appréciable
concernant la localisation des fumerolles et
de la température ne s'est vérifiée. La température maximale
(100°C) ne diffère pas de manière
significative de celle reportée auparavant.
Enfin, les nouvelles parvenues dans la journée
du 3 concernant l'existence d'importants
phénomènes de fissuration de terrain dans l'île
de Panarea se sont révélées sans fondement.
Enquête thermique, strutturelle et géologique
sur l'île de Panarea
Le 5-11, on a observé
une baisse remarquable tant de la zone d'exhalation
que de l'intensité des dégazages. On pouvait
noter une remarquable arrivée de bulles
en superficie dans la zone située à l'ouest de
Bottaro. Les enquêtes
thermiques, cette fois encore, n'ont mis en
évidence aucune anomalie significative.
Encadrement géologique et notices
historiques
Panarea est la plus petite des îles éoliennes.
Elle représente la partie émergée de ce qui
reste d'un des plus grands et anciens volcans
de l'archipel, actuellement siège de
phénomènes de volcanisme tardif uniquement. Il
était déjà actif il y a environ 600 000 ans et
ses éruptions les plus récentes remontent à
environ 100.000 ans. L'édifice est constitué
d'une structure tronco-conique, à environ 1
500 m d'une base lobée, qui s'est développée
essentiellement à l'est de l'île de
Panarea. Dans cette zone, en deçà de l'île
de Basiluzzo, un bas-fond situé entre - 5 et -
10 m., relie en une structure sub-circulaire
les rochers de Lisca Nera, Bottaro, Lisca Bianca, Panarelli e Dattilo.
Le
bas-fond renferme une vaste dépression, de 30
m. de profondeur. Cette structure provenant
vraisemblablement d'un cratère, est le
siège d'un large champs de fumerolles, à haute
activité, à qui l'on doit un dépôt
visible de soufre blanchâtre.
On remarque d'autres émanations de fumerolles
et/ou de bulles dans les fonds autour de
Basiluzzo, au lieu dit la "Secca dei Pesci" et
sur l'île principale, à la Calcara. Le
professeur Déodat de Dolomieu a décrit cette
activité de volcanisme tardif dans son fameux
"Voyage aux îles Lipari" (Viaggio alle isole
Lipari), en 1783. Celles-ci était déjà connues
et structurées dans des édifices thermaux, à
l'époque romaine, mais remontent sans doute, à
une époque beaucoup plus lointaine, car elles
ont eu le temps d'altérer profondément les
rochers qui font couronne autour du probable
cratère immergé.
Article publié par l'Institut de
Géologie et Vulcanologie de Catane
"Emission
de gaz dans la zone de Lisca Bianca-Dattilo-Bottaro-Panarea" Lanzafame
G., Lodato L., Pompilio M. avec la
collaboration du prof. Russo
géologue à
Lipari. |